Le mistral ayant chanté toute la nuit, les enfants se trouvèrent fort motivés pour doubler l'étape du jour initialement prévue par Bastien afin de gagner rapidement la mer. Il faut dire que l'étape de la veille à été unanimement jugée trop facile. Bastien propose donc de parcourir aujourd'hui 40 km jusqu'à un camping à Cadenet.


Après un détour par la zone commerciale de Cavaillon pour racheter un sac à viande après l'épisode déjà dû au vent il y a quelques jours (échec, le décathlon vend des tentes mais pas ce qui se met dedans) puis quelques courses chez biocoop, nous voici partis pour de bon vers 11h.


Le trajet est agréable, le long de petites routes bordées de canaux à l'eau trouble, que nous visitons parfois de près (sans tomber !) grâce aux erreurs de suivi GPS de Bastien. Puis la route s'élève gentiment, au milieu des pins, dans une ambiance très méditerranéenne au pied du Lubéron. La première difficulté du jour est avalée facilement, mais ouvre l'appétit de Solène qui réclame un arrêt repas malgré le faible kilométrage affiché. Nous la convaincons de poursuivre jusqu'au prochain village dans l'espoir de s'arrêter sur une aire de jeux.


Le village de Mallemort s'annonce, Victor décrète qu'il n'y ira pas, "car on va se faire mal et on va être mort". La raison l'emporte et après quelques mètres d'ascension, une aire munie de trampoline, tobbogan, mur d'escalade et autres ustensiles est envahie par la troupe pour un pique-nique entrecoupé de jeux. Le redémarrage s'effectue en serpentant dans quelques ruelles en raidillons avant de s'échapper du village.


La suite du parcours est magnifique, sur une piste en gravillons blancs longeant la Durance. Le tracé suit principalement les digues de protection des crues, ce qui nous donne un peu de hauteur pour observer les vergers, mais nous expose également au vent. Les rafales combinées à un revêtement rugueux limitent notre progression à une vitesse de 10 km/h. Nos bras cramponnés au guidon subissent les secousses du terrain et du vent. Au bout d'une douzaine de kilomètres, lorsque deux options sont proposées La Roque d'Anthéron "par la route" ou "version nature", la première est réclamée sans hésiter par les enfants.


Il est 16h30, le camping est proche. Nous faisons donc le détour par le centre de La Roque d'Anthéron et mangeons une glace (sauf Maxime en pleine sieste) sur la place du village en ayant une pensée pour la tante de Bastien qui y a longtemps habité.


Le dernier tronçon de route vers le camping est dangereux avec voitures et camions qui passent à fond sans aucune considération pour les cyclistes. C'est peut-être d'ailleurs pour cela que de cyclistes il n'y a que nous...

Nous patientons plusieurs minutes à une intersection dangereuse faute de pouvoir s'y engager, les véhicules arrivant à pleine vitesse de 3 directions. Un automobiliste finit par nous laisser passer mais sera vertement remercié par ses congénères au travers de coups de klaxon agacés pour la vingtaine de secondes perdues.

Nous nous engageons alors sur un pont, toujours sous les bourrasques de vent dont l'une projette Solène contre la balustrade où elle rebondit jusqu'au presque milieu de la chaussée, heureusement sans tomber (là on a statistiquement perdu 2,5 grands-parents de crise cardiaque).


A la sortie du pont nous quittons cette route dangereuse pour des petits chemins indiqués par le GPS. Première barrière devant une propriété privée, mais un riverain nous indique que ça passe jusqu'au camping par un autre chemin. Un peu plus loin deuxième barrière, mais opportunément un deuxième riverain surgit de nulle part et nous remet sur le bon trajet, sur les berges de la Durance, entre cailloux, sable et monticules à escalader. Avec tous ces détours nous arrivons au camping vers 18h et 45 km au compteur au lieu des 40 annoncés.


La perspective des jeux remotive les enfants pour les derniers décamètres.

Conversation à l'accueil :

- "Bonjour, nous sommes une famille de cyclistes et nous voudrions camper pour une nuit."

- "Mais je ne peux rien pour vous, nous n'avons pas d'emplacement, c'est marqué sur l'affichette à l'entrée, on ne fait que des mobils home."

- "C'est conceptuel ça, un camping où on ne peut pas camper, vous pourriez l'indiquer sur votre site internet."

- "Mais monsieur nous faisons de l'hébergement de plein air, nous sommes donc un camping, il fallait appeler pour vous renseigner et éviter des déconvenues. Cela se fait de plus en plus (NDLR : plus rentable que les emplacements nus). De toute façon, je peux rien pour vous, vous pouvez aller au camping d'à côté, il n'est qu'à 5 km."

Deux visions différentes du monde, mais ce n'est pas le moment de polémiquer.

5 km qui se révéleront 7,5 km, bien entendu après une très longue montée.


Quelques gouttes commencent à tomber, tout ça sent la soirée galère ; jour 13 n'est-ce pas dirait Mamie ?

Solène peste quand le pourcentage de la montée devient trop fort et réclame qu'on laisse un avis salé sur le site du "faux camping". Génération moderne.

Tout est vite oublié dans les jeux top niveau du "vrai camping" (Les hautes prairies) à Lourmarin. 52 km parcourus aujourd'hui. Le repas est vite pris à cause du froid malgré l'absence temporaire de vent.

Finalement pas de pluie mais le vent reprend au moment du coucher.